PIERRE SEGOH
À propos de Pierre Segoh
La quarantaine et sa force de l’âge, un beau physique grand et sec, délié et épanoui. Des doigts nerveux qui n’en finissent pas, un regard étonné, un rire franc. Des dreds juste avant d’avoir passé l’âge.
Et une grande discrétion de Dandy Rasta doublée d’une égale distraction réjouie!
Je suis très heureux de soutenir Pierre depuis plus de 15 ans.
Je crois à son imaginaire fertile, vibrant. J’aime son trait nerveux, incisif.
Sa palette est lumineuse d’avoir maîtrisé les oxydes et les ocres.
Chez Pierre Segoh, 40 ans, le bestiaire fantastique côtoie des humanoïdes sous tension, des oiseaux prédateurs, des chirurgiens de la «magie noire».
Les histoires sans parole rivalisent avec des voyages dans ses ciels habités.
Ses récits sont des témoignages d’un passé enfoui, de luttes ancestrales revenues sous la loupe de notre époque.
Son imaginaire n’est pas apocalyptique mais reste sauvage et fossile.
Ce sont les points cardinaux de son travail. Comme des plans de vol où les fils conducteurs suivent ses lignes de conduite entre latitudes et longitudes délurées, peut-être démoniaques mais sûrement joyeuses.
Segoh est un entomologiste qui dort à peine, un naturaliste en plein éveil, un médecin légiste qui ne sommeille pas.
Ses longues mains sont prolongées de longs doigts noueux et manient de longs pinceaux avec dextérité. Penché sur ses canevas, souvent debout dominant de sa haute silhouette son travail, il peint à bout de bras ce qui transmet une vibration intérieure qui se fige sur la toile.
Voir Segoh en atelier est un rare privilège d’observer le chemin qui sépare l’étincelle du feu, l’idée du projet.
Et Pierre Segoh est un coloriste hors pair, à la palette inimitable, végétale ou minérale, lumineuse dans ses manières noires. Ces deux dernières années il semble avoir trouvé l’alchimie juste et parfaite de ses primaires de ciel, de sang et d’or.
Il vit à quelques kilomètres de Lomé, au bord de l’Océan, où il dispose de terrasses, parfois couvertes, où il peut peindre en plein air.
Ses techniques mixtes utilisent des supports variés dont la taille sur châssis autorise la douce folie de l’artiste. Ses dessins sur kraft ou vélin explorent les petits formats à la dimension du portrait.
Sous contrat avec Curios en Afrique et a Paris, il a été accueilli par la Cite Internationale des Arts. Il a ensuite été soutenu par Polysémie en France pour deux éditions du Salon AKAA.
Il prépare avec Michel Aveline une grande série de petits formats sur la sorcellerie qui habite parfois les « charlatans, marchands d’Herbes et d’Os » de la médecine traditionnelle africaine.
M.A. – Aout 2021