BANKONI

La vallée du Niger a été le berceau de cultures africaines remarquables « découvertes » au XXème siècle.

Djenné, Ifé, Sokoto, Nok, Burra, Dakakari…cette archéologie de surface a été avare de données sur les origines, sur les rituels…leur analyse scientifique apporte souvent la preuve de leur ancienneté de quelques siècles à plus d’un millénaire.

Ce sont des fouilles récentes, un demi siècle ou à peine plus, qui ont révélé ces sites devenus archéologiques et officiels pour la plus part. Nombre d’entre eux ont été exploités avec une discrétion proche de la clandestinité, alimentant un marché clandestin de petite archéologie.

Théodore Mono est un de ces découvreurs loin des marchands et des trafics.

Les quelques datations sérieuses au carbone 14 ont consacré l’ancienneté de ces terres souvent mal cuites et donc fragiles. Le marché parallèle a pris moins de précaution que les fouilles d’Etat.
Ces grandes et fines statues ont frappé les amateurs par leur posture hiératique très affirmée, par leur élégance, par leur solennité. Elles sont arrivées souvent brisées en plusieurs pièces, reliées entre elles par des lanières de chambres à air de camions. En 10 ans au Togo, j’ai pu en acquérir deux fois une bonne douzaine, entre 2005 et 2012. Le coût important des certificats m’a dissuadé d’engager ces dépenses car ils sont supérieurs à la valeur marchande de ces objets. A l’inverse des têtes en terre de la vallée du Niger, ces grandes statues ne sont pas faciles à transporter, et à mettre en valeur. J’ai trouvé des modes indigènes de restauration (visible et contrôlable) et de présentation à la manière des artisans locaux du Togo et du Bénin.

Je dois dire que ma perplexité m’a mis en garde mais j’ai acquis des certitudes quand aux copies et aux faux. Un objet lourd, au volume puissant, à la taille peu ordinaire, dans un matériau à risque, est par définition un objet qui ne se prête pas à la copie pour un trafic non lucratif. J’ai appris cela en fréquentant les ateliers de copistes et de faux de Kinshasa : au salaire d’une bière et d’un bol de haricots, on ne se risque pas à faire des copies difficiles, lourdes et fragiles à colporter.

M.A.