Kluvi “Anasse” ANANI

À propos de Fétiches Blancs

ANASSE
Anasse

Kluvi Komivi Anani a été baptisé par ses amis ghanéens, Anasse, sans trop savoir pourquoi. Anani aurait été difficile à prononcer…allez comprendre ! Peut-être qu’ils pressentaient qu’il était différent et qu’il aurait besoin, un jour, d’un nom d’artiste !
Il est né le 31 décembre à Ahavé, 1983, vers Tsévié au Nord de Lomé.

Anasse quitte les bancs de l’école à la fin du CM2 pour rejoindre la parcelle de son père cultivateur et chasseur. Ce retour à la terre c’est aussi un retour vers les esprits et les divinités qui régissent les saisons, les cultures, les récoltes après les semis, la pluie après la sécheresse. Un cycle de vie qui justifie le recours à des alliés d’exception, divinités agraires d’un panthéon vaudou enraciné dans cette région depuis plus de deux siècles.

Ses parents, aujourd’hui disparus, lui ont légué quelques certitudes : « On nait avec sa vocation. On nait avec son destin » dit Anasse. Tout serait donc déjà écrit.

Et Anasse a donc été placé, tout naturellement et très vite, sous la protection de la divinité des chasseurs : Ageh. « C’est mon totem, Ageh, qui a autorité sur celui de la maison, Aklama » explique Anasse de sa voix douce et souriante.  Ils occupent une place importante dans son hommage sculpté et Anasse a même invité des « chasseresses », héritières, dans son esprit, des Amazones de l’histoire du peuple Ewé. Sa cohorte de divinités comprend aussi des Mamywatas protectrices, des Densu à trois têtes pour anticiper sur l’adversité, des figures de Sagesse, de Justice, des maternités heureuses, des dépositaires de la puissance supérieure, maitrisant la foudre et le feu primal, brandissant le sceptre de Shango.

Anasse est un autodidacte qui a le don de tirer des formes du bois, de charger de sens figuré des troncs de Séséwi, arbre qu’il coupe à la machette, dans la forêt à la lisière de sa ferme, derrière chez lui. Bois qui ne sera jamais travaillé assez sec.

Sa maison est une ferme simple : une cour et son fétiche domestique, un legba, collé à un puits, deux cases traditionnelles et une pièce moderne, cimentée et tôlée. A quelques pas de son seuil, à l’ombre, un atelier en plein air avec un banc et un établi. Quelques gouges, couteaux et ciseaux à bois. On sent Anasse économe et modeste, allant à l’essentiel et l’indispensable. Sa femme et ses quatre filles ne sont jamais loin.

Les bûches de Séséwi sont là, au sol, en train de sécher, encore sous leur écorce claire. Cette essence a la blancheur naturelle d’un bouleau, toujours un peu humide, est éclatante sous les copeaux de l’herminette d’Anasse. Elle est obéissante sous la couge. Elle est tendre sous le ponçage patient qui lui donne rondeur et souplesse. Ce ponçage la charge de douceur. Un badigeon de foam blanc la prépare, comme une épreuve d’artiste en stuc, à un autre destin, à un prochain sacrifice…

Aujourd’hui Anasse est très recherché par les tradi-praticiens qui lui commandent des pièces uniques pour leurs patients, supports et médias de leurs ordonnances. Pour eux, Anasse peint ses statuettes avec une palette de couleurs qui plait à cette clientèle et qui rend ces figures plus baroques, presque « kitch ». Vous trouverez chez Anasse des figurines peintes aux couleurs improbables. Parce que l’importateur chinois importe un stock de couleurs utilisées en Chine à un instant T.

A l’époque des ateliers florissants de carrosseries ou des chantiers navals, la palette était délurée comme une volée de sémaphores. La couleur en Chine a été étouffée par la Révolution culturelle. La palette est désormais décidée par le bureau de la production des peintures industrielles : gris génie civil, bleu maritime, vert militaire, marron forestier …un rose Pink Lady et un fuchsia millénaire donneront heureusement des coups de fouet gais. Alors même à Tsévié, l’une des sous-préfectures du Maritime, ce nuancier triste s’impose jusqu’à peindre les fétiches aux normes de l’administration.

En accord avec Anasse, entre nous, le processus s’est arrêté avant, au stade du « foam » blanc, pour ces œuvres exposées avant consécration rituelle. Avant le sang, avant le miel, le Gin et la Kola, avant les plumes, avant les graines, avant les griffes et les coulures de bougies fondues…

M.A.

Guide de Chasse

CHEF Chasseur

CHEF + Récade sur Siège Ashanti

CHEF Parasol+ Récade sur Siège Ashanti

DENSOU Vigilant

Cette statuette est destinée à orner un temple vaudou. Elle sort des mains de l’artisan qui crée ces objets pour les tradi-praticiens. Ces « féticheurs » ajoutent souvent de la couleur pour embellir pensent-ils, l’icône choisie. Après les pigments naturels, difficiles à trouver ou à préparer, il a été plus simple d’emprunter la peinture des chantiers navals ou des carrossiers et vous trouverez ainsi des objets assez « kitch » dans les autels vaudou. A ce stade il est recouvert de « foam », un lait qui ressemble à notre Blanc d’Espagne.

Cet objet n’est donc pas « consacré » ni porteur d’aucune charge.

Son auteur ASSANAH, est un artiste autodidacte, perdu dans un village à 10kms de Tchévié. Menuisier, il s’est découvert une main douée pour produire ces objets. Curios lui consacrera au printemps, une exposition pour le révéler au public.

L’icône représente un personnage dans l’exercice de sa puissance et de sa force. Il maitrise son environnement à la manière d’un Janus africain. Trois regards pour trois directions, essentielles à celui qui avance. Les pieds bien « tankés » au sol, il maitrise en plus, l’énergie naturelle, l’éclair, que Shango, déité majeure du vaudou, lui a transmise.

M.A.

Objet original, pièce unique, d’art populaire togolais, fabrique au Togo, en 2013.

Les variations climatiques peuvent altérer son apparence.