PIERRE AMROUCHE

Pierre est fait de racines continentales, profondes et riches, françaises, algériennes et notamment kabyles. Il grandi dans une famille où la pratique de la langue française est un gène partagé: une mère enseignante en Afrique à la charnière des Indépendances des années 1960, un père intellectuel militant qui arme sa poésie et devient le chantre de la Kabylie.
Ses goûts et ses intérêts sont révélés par l’itinéraire familial sur le continent africain, du Nord au Centre, d’Oran à Bangui avec un crochet par Beyrouth.
Et dès 1966, il sent plus particulièrement que la poésie lui permet de libérer une écriture jusque là trop contenue.

Le voyage décisif de Pierre Amrouche sera la piste gabonaise dans les années 70 où il sera l’acteur et l’ultime témoin d’une époque révolue, celle où les collecteurs d’objets trouvaient in situ ces objets dans les cases, les villages et leurs chefferies.
Il en témoignera, presque 50 ans plus tard dans un livre rare.
Avec son épouse Marie Laure, figure du Quartier Drouot, Pierre devient l’antiquaire en art primitif et art populaire africains qui fait de lui l’un des premiers experts français aujourd’hui au plan européen. Il a organisé de prestigieuses ventes publiques internationales dans les années 2000 en mettant en scène les collections françaises Guerre, Goldet, Gaffé, Vérité et Périnet.
Il rejoint plusieurs années le Département Afrique de la fameuse maison de ventes Christie’s.

Auteur et critique, il a rédigé de très nombreuses contributions, catalogues de collections et de ventes publiques, monographies et articles sur les arts primitifs. Depuis 1980 il vit à mi temps au Togo et voyage en Afrique de l’Ouest. À Lomé, il vit  depuis 2010 dans l’ancien atelier du plasticien togolais Paul Ahyi.
Fin connaisseur de l’esprit et des formes, investigateur émérite de l’ombre et de la lumière africaine, il publie chez Présence Africaine ou Editions Continents, ses recueils de poèmes: Chant de Lomé-Lomé Song, Maison maritime, Fraternité océanique.

Comme pour compléter sa poésie il construit une œuvre photographique dans laquelle il dévoile une sensualité du quotidien dans « Jours tranquilles au Bénin » “Juste au corps” ou “Vénus Noire”, catalogues qui ont accosté à Venise pour remonter la rue de Seine et se poser à Bruxelles aux Sablons.
Proche de l’auteur togolais Kangni Alem il vient de publier à Lomé « Le chien de ta mère » recueil de nouvelles.

Pierre Amrouche, expert

Pour mieux raconter encore l’histoire des objets qu’il collecte, Pierre Amrouche continue de sillonner comme il a toujours fait la savane et les forêts à la recherche de ce qui donne encore un sens à la statue votive africaine.
Il publie régulièrement ses meilleurs notes de voyage et ses images dans des ouvrages originaux : « Moba » (dont il prépare une réédition), « Corps et décor » pour les Lambas et les Lossos, « De fer et de bois » pour les Huweli.

Collectionneur d’art plastique il a soutenu en son temps l’école de Lomé et encouragé les jeunes créateurs africains. Il a aussi défendu l’œuvre et la mémoire de Paul Ahyi symbole de l’indépendance artistique du Togo.

Pierre Amrouche marque toujours les lieux qu’il visite, les pays qu’il traverse parce qu’il témoigne, révèle et fixe à l’instant T ce qu’il ressent.
Travailleur acharné, érudit dans ses passions, Pierre a un sens exceptionnel de la fratrie et de la solidarité que j’ai pu observer et vivre en « coloc » avec lui, de belles années au Togo. Son humour acidulé et paradoxal en fait naturellement un partenaire souvent festif.

Lors d’un séjour en 2011 à Ouagadougou chez son ami François Godot il rencontre Pierre Segoh et sa peinture. Il décode alors avec l’euphorie de celui qui découvre une nouvelle « nova », huit grandes toiles. Ce seront huit « Alcoo-textes » pour un Big Band comme il se plaît à les griffer lui-même, qu’il vous invite à lire à voix haute, pour naviguer sans pudeur entre les lignes et courir après ces lutins facétieux, lubriques et affolés.s.

M.A.