MON SECOND CHIRAC

Chirac au Parcours des Mondes 2010

Paris… rue de Seine… C’est l’édition de 2012 du Parcours du Monde. J’ai loué à Bernard… sa petite galerie au 27. Je serai ainsi l’un des exposants du Parcours « off ».

Je présente une très belle exposition de têtes rituelles M’Bari du Nigéria en terre crue ou à peine cuite au feu villageois. Je présente aussi une dizaine de petits tableaux pleins de charme décoratif de Camille Tété Azankpo, artiste de ma Galerie Curios.
Les têtes M’Bari sont présentées pour la première fois en Europe. Mon expo est très belle et va recevoir un hommage des experts auquel je ne m’attendais pas.

La nouvelle se répand vite dans les rues de St Germain bien au delà des terrasses de la Palette ou de Mazarin. Je verrai ainsi défiler presque tous les marchands de Bruxelles, Milan ou Madrid en plus des parisiens. Et plus encore les experts universitaires, les auteurs reconnus de l’édition des arts premiers dont j’ai les ouvrages dans ma bibliothèque, passeront voir et commenter. Certains viendront même de l’étranger. Succès d’estime parfait. Mes prix sont trop élevés pour des pièces inconnues sur le marché. Je vendrai les petites pièces et quelques tableaux.

Aziz Choueb, mon ami aux doigts de fée de restaurateur de terres brisées, est là à mes cotés. Après avoir offert à nos visiteurs un « petit blanc », au soir du premier jour, nous allons fermer quand je vois « dans la vitrine » une personnalité connue et caricaturée avec les mains serrées sur les anses de son Kelly Hermes : Bernadette Chirac.
Sobre et directe : « vous serez là demain ? ». « Bien sûr Madame et… si votre époux veut venir en dehors des heures d’ouverture, faites moi prévenir ». « Non non, c’est très beau. Il viendra ».
Le lendemain la plaisanterie du jour, finira, éculée : « Chirac est venu ? ».
Rien ! Aucun émissaire ! Aucun indice !
Pour conjurer le sort et mettre du baume sur notre déception nous n’en parlons plus !
Au deuxième jour nous faisons une rotation « sandwiches » en guise de déjeuner, planqués au fond de la galerie.
Et là, deux gardes du corps font entrer le « Grand Jacques Chirac » qui bouche à lui seul la petite porte. Deux Cheribibis aux colts glissés dans la ceinture d’un jean sur T-shirt moule-pectoraux. Ils bloquent les curieux pour l’un et l’autre est prêt à nous sauter dessus ! Panique ! Sylvie, de passage à la Galerie sera notre « hôtesse » de première classe. Elle bafouille des salutations protocolaires hésitantes pendant que nous mastiquons notre camembert beurre.
J’accueille le Président en souriant à pleines dents et je lui rappelle la Case De Gaulle en 96, et aussi que je lui ai offert mon « De Gaulle et Brazzaville ». Très pro il me dit presque qu’il me reconnaît ! Je lui présente Aziz qui flotte sur un nuage dans la galerie.

Le Président n’est pas avare de questions et son regard et son toucher sont sûrs. Je suis surpris de son évidente sensibilité. Il s’attarde sur chaque tête et relève les symboliques peu connues. Il apprécie les quelques cartes d’images que j’ai commentées.
Dans la conversation je lui précise le métier d’Aziz et je me risque à lui dire : « si vous avez des terres cassées, Katsina, Ifé ou Nok, Aziz vous les réparera volontiers ! ».
Chirac devient très sérieux et index pointé sur Aziz : « c’est interdit désormais ! ».
Aziz ne saisit pas la remarque et répond tout de go à Chirac : « Ne vous inquiétez pas nous rentrons en Europe par Bruxelles ». Nous avons rit et fait une photo avec l’appareil d’Aziz qui de mains en mains africaines fera des centaines de clichés dans la rue de Seine. Car tous les colporteurs africains présents à St Germain ce jour se sont massés devant ma porte.
Jacques Chirac se prêtera à ces dizaines de portraits en remontant la rue de Seine. Pour ma part j’ai été très heureux de l’accueillir. Il n’a visité que quatre galeries lors de cette édition 2012. Cela m’a comblé.

M.A.