GHANA : TERRE de CULTES, FIEF RASTA

À propos des Rastas

Le GHANA est une terre d’élection de la culture Rasta. Personne n’y est indifférent.

Entre Caraïbes et Afrique d’Est en Ouest, une triangulaire s’est installée. D‘abord dans la corne de l’Afrique avec un Empereur, Dieu vivant durant un demi siècle, Hailé Sélassié. Fait d’ombres et de lumières, cet Empereur très temporel, aurait été le digne descendant de la Reine de Saba. Lourde charge et vaste mission.

Autre point cardinal africain, le Ghana sera élu terre d’accueil et modèle politique par la diaspora Rasta.

La Jamaïque s’est trouvé un Prince vivant de son temps : Bob Marley. « Vie Rasta, Vie pas facile » pourrait être l’air chanté et Marley les compose et les écrit pour fédérer les Caribéens, marginaux de la planète.

Pour Marley, le Ghana devient un refuge, une oasis de liberté, une terre d’exil pour sa famille et ses musiciens. On y croiserait aujourd’hui encore dans le sillage de BIBI (souvenez vous de son tube planétaire « tout doucement… ») une sœur, une ex-épouse, un bassiste de la grande époque… Et sa musique est là, omniprésente, dansée tous les dimanches sur les sables de la plage de… L’anniversaire de sa disparition est toujours fêté par des millions d’africains, hommage aussi aux soutiens des grandes causes de notre planète : alphabétisation, protection maternelle, libertés… et Droits de l’Homme.

Marley est devenu avec Thomas Sankara et Nelson Mandela une icône intemporelle de l’Afrique.

Le Ghana aime les Chefs et les parades. Les Ghanéens vénèrent les uniformes que la Reine Victoria lui déléguait à profusion. Depuis plus d’un siècle, il les récupère, les recrée, et les réinvente de toute pièces avec des influences militaires nostalgiques ou  religieuses et pastorales. Le Ghana aime l’apparat ordonné « so british ». Il aime les uniformes, les épaulettes dorées, les pantalons « garance » et les casoars à plume.

Et aussi les enterrements « New Orléans », avec des cercueils symboles insensés des corporatismes, avec des parades d’acteurs mises en scène à la demande des familles.

Au Ghana, d’autres folies vont célébrer les héros populaires oubliés de la lutte contre l’esclavage, des combats de l’indépendance.

C’est ainsi qu’ils vont créer et peindre des toiles riches et brillantes comme celles des escaliers du Palais des Gouverneurs de la Colonie. Exécutées dans des ateliers discrets elles sont vendues par des « rastas », militants de la cause et artistes fantasques mais marchands sérieux*, sur les parkings des supermarchés de Lomé, assez loin d’Accra pour ne pas être vus car ils ne sont pas sûrs d’être encouragés dans ce commerce.

La mythologie des héros nationaux se nourrit toujours du combat contre la colonisation. Marcus Moziah Garvey est au panthéon de ces héros. Jamaïcain d’origine, militant convaincu de la cause noire, animateur charismatique de mouvements populaires afro-américains mais homme d’affaires souvent sulfureux. Il transformera une expulsion des États-Unis, en acte militant, en motif politique lors de voyages en Afrique et en Europe où il décèdera en 1940. Garvey a créé beaucoup d’entreprises à la Jamaïque, dont la Black Star Line, une réussite avant une faillite suspecte.

Le Président Nkrumah du Ghana lui rendra hommage avec les chemins de fers ghanéens – Black Star Lines – et plus encore en dénommant l’équipe nationale de football, les Blacks Stars, appellation fameuse inchangée depuis 1960, année de l’Indépendance.

Plus extraordinaire encore : Garvey, serait un prophète, fort de ses liens avec l’Éthiopie, et serait la réincarnation de Saint Jean Baptiste pour le Rastafarisme !

M.A.

Nota : il m’a été impossible d’obtenir l’identité de cet artiste, pourtant deux fois « face to face », à 18 mois d’intervalle. Refus militant de compromettre son identité au delà de l’acte nécessiteux de vente des tableaux.