FEMMES GIRAFES

Ou… comment tordre le cou à un mythe moderne !

Vous croyez dur comme fer, qu’une femme girafe mourrait dans l’instant, cou brisé, si on lui retirait ces anneaux qui l’embellissent jusqu’à la faire souffrir ? Et vous vous interrogez pour savoir comment une tribu du nord de la Birmanie peut partager avec les femmes Ndébélé d’Afrique australe et avec les Indiennes d’Orisha du nord de l’Inde, de telles pratiques ancestrales alors que leur rencontre n’est qu’occasionnelle à la fin des années 90 au XXème siècle.

Femme Girafe

Avec François Guenet, Photographe, Grand Reporter – les capitales ne sont pas usurpées – nous avions projeté un livre, véritable somme photographique sur les pratiques d’embellissement du corps à travers le monde : tatouages traditionnels, piercing contemporain, labret labial ou auriculaire, peintures corporelles, scarifications, greffes et inclusions… Nous avions même imaginé que l’excision et la circoncision seraient au nombre des pratiques observées.

Des Maoris zélandais aux Yakusas japonais, des Sombas du Togo aux Mursis de l’Omo, des Yatmuls du Sepik aux Tekes du Congo, d’Asie en Afrique, d’Amérique en Océanie, et d’Europe aussi, des voyous londoniens aux légionnaires français… Projet couteux car il fallait courir la planète et, pire, ce projet était prématuré dans l’air du temps, il y a un quart de siècle. 

Femmes Girafes
Femmes Girafes

Les femmes girafes étaient l’un des sujets de ce livre. 

Depuis on a appris à mesurer les effets de ces pratiques. Soyez rassure : la clavicule descend et le sternum aussi, légèrement. L’élongation est faible. Mais en aucun cas les vertèbres ne cèdent. Il fallait apporter des preuves. Et les réunir fut difficile souvent, cocasse parfois. Comme ce jour de septembre 1987 où la guérilla frontalière entre la Thaïlande et la Birmanie (le Myanmar d’aujourd’hui) a transporté en pirogue les femmes Padaung jusqu’au dispensaire de Mae Hong Song pour les radiographier. Elles furent les premières surprises, un peu gênées, de comprendre qu’elle était la démonstration en cours. François les a photographiées, perplexes devant leurs radiographies. Dans la même veine les femmes Ndébélé sud-africaines sont restées de marbres devant leur radio prise à Middeburg dans le Transvaal. Aujourd’hui François Guenet et moi, travaillons sur deux projets de «beaux livres» sur le Togo. Et comme de vieux combattants pas encore blases, nous avons ressortis archives et documents. La vocation du cabinet noir de curiosité de Curios méritait cette exposition du résultat de nos délires…

Francois Guenet
François Guenet

François Guenet, apprenti photographe à 16 ans, très vite forme à la London School of Art commence à travailler dans le monde entier. Il fonde très vite plusieurs agences avec une génération de photographes qui ont fait les plus belles pages des magazines depuis trente ans. Odyssey, Rapho, Gamma, et Divergence aujourd’hui !

Ayant quitte les chemins du reportage de guerre, François a durablement choisi de photographier l’Afrique, l’Océanie et l’Asie et s’attarde chaque fois qu’il le peut aux sociétés en voie de disparition… 
Sachez qu’il n’y aurait aujourd’hui plus que 200 femmes Ndébélé et 5000 birmanes…

Paris Match en Juin 2020 (Édouard Philippe en couverture) a rendu un hommage d’une page (la 115) à François.
Et ce n’était pas une « nécro » comme on le dit dans notre jargon. 

M.A.

Consultant international sur les crises institutionnelles en France, en Europe et en Afrique de 1972 à 2018.
Coproducteur de grands reportages et documentaires ethnographique. Éditeur de catalogue de Musées et de « beaux livres » sur le design, les arts décoratifs, les jardins, les voyages.
Auteur de guides économiques sur le développement de l’Afrique.

Collectionneur d’art africain et océanien, expert en objets rituels, critique d’art plastiques africains.
Créateur de Galeries et Cabinets de Curiosités : « Premier étage » (84 à 90 à Marseille), « Cardinal »  de 97 à 2005 à Paris, et Curios de 2007 à 2017 à Lomé au Togo.
Ouvre un nouvel espace Curios à La Baule-Le Pouliguen, en Mai 2021 et prépare l’édition d’un portfolio sur le Vaudou pour la fin de l’année…